samedi 25 juillet 2009

l'Identité de Monsieur Nimportequi


Monsieur Nimportequi en question

Monsieur Nimportequi c’est la caricature de mon one man show.
L’essence même de ce personnage vient de la multiplicité des caractères qu’abhorre l’homme en passant de père de famille à chef d’entreprise, de l’amoureux à l’offensé, du politicien au citoyen en passant par l’électeur et le candidat.
J’avais l’intention au début de faire de lui un personnage instable, nomade et presque sans statut réel qui permettrait de le situer. Au milieu de la création je me suis rendu compte que même la non situation est une situation et surtout que son instabilité lui donnait plus de stabilité que je n’imaginais au début. Il fallait que je le détruise pour lui donner un nouveau visage qui cette fois permettrait de le reconnaître par tous comme un voyageur qui circule sur l’autoroute même de la dénonciation.
Je suis parti plus tard sur la base de la vengeance, caractère le plus mécréant de l’homme dans sa société. Pendant son voyage, il change de vêtement et de responsabilité en passant par l’instrument de son voyage qui est le comédien qui le porte.
A force de le conduire si vite sur son chemin, il est devenu un personnage cliché. Un personnage qui se vêt des masques de ma malpropreté pour mettre sur les présentoirs ma difficulté de vivre avec les autres hommes. La difficulté de me classer à gauche ou à droite, de me faire cocu, et surtout de me taire de l’intouchabilité des plus forts. Finalement, c’est Wakeu Fogaing qui parle aux hommes qu’il trouve dans une salle. Comme à une conférence. Petit à petit, monsieur Nimportequi dont il a pris la place vient se glisser en lui pour crier son ras le bol et contaminer la conférence de son caractère de citoyen.



Monsieur Nimportequi est devenu un espace où Wakeu Fogaing qui se veut conteur moderne décrit, raconte, confesse, interprète un personnage qu’il ne réussit pas à créer parfaitement. Un personnage qui prend sa peau au lieu de le laisser prendre la sienne et le mène principalement dans l’ivresse des identités qu’il voulait lui donner. Identités instables et non identifiables.
Pendant le spectacle, des allers et retour sont fait de la scène au public, de l’acteur au personnage, du réel à la fiction, de la découverte à la perte du conte que le conteur moderne n’avait pas au début.
Quand on écoute ce Monsieur Nimportequi, on comprend bien qu’il représente ceux qui sont si peu sûr d’eux et doutent longtemps de la manière dont les choses doivent être ou ne pas être. Nimportequi est beaucoup sur le chemin de la dénonciation de l’handicap politique qui creuse la fosse du déséquilibre. Je crois même que c’est ça qui fait qu’on devient auteur et acteur ; pour donner la parole à ceux qui sont privés de parole. Seulement je n’ai pas ce pouvoir. Je me débrouille de me mettre à l’endroit où je peux répondre de toutes les attaques qu’on m’adresse pour me guérir de la privation de ma jeunesse. Je refuse les armes, le terrorisme, la guerre et les injustices. Mais la parole doit aller au combat de la parole. Les idées doivent lutter sur la table des idées.


Beaucoup d’observations que je fais me sautent à la figure mais les gens qui me comprennent savent maintenant que la réponse pour moi est une question d’honneur et de devoir.
Je viens de dire qu’à un moment, mon personnage est entré dans ma peau pour sortir en moi ce que je veux cacher parce que l’idée qui lui a donné naissance avait pour identité « rien à cacher ».


Moi je profité de l’endroit où je me trouve pour ouvrir ma bouche parce que je voudrais me mettre à l’endroit où on me laisse le soin de défendre mon travail de parleur de cracheur de rigolo. Pendant tout le spectacle, c’est au public que je parle et le passage d’un sketch à l’autre se fait par l’appel de leur regard sur moi et sur le comédien en qui le personnage change de vêtement.
le conteur moderne sans conte fait pendant le spectacle appel à un personnage (Monsieur Nimportequi) qui arrive et lui vole la vedette.
Toujours est-il que tout le spectacle se fait dans un combat entre le personnage et le comédien. A la fin, c’est le comédien qui triomphe du personnage.


Wakeu Fogaing

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