jeudi 8 juillet 2010

Confessions de femmes de Wakeu Fogaing

Texte 1

Marie Claire

Dans la foule il y a un homme qui vient de me toucher les fesses. Un lâche. Il faut le dénoncer. Un homme comme vous qui touche les fesses de n’importe quelle femme. Là dans la foule. Lâche et moche. J’ai senti sa main me toucher les fesses et quand je me suis retournée, il y avait la foule. Dénoncez ce malade. Ce n’est pas la foule que j’accuse c’est l’homme qui se cache dans la foule que j’accuse de me toucher les fesses. Il m’a touché les fesses. Il n’a pas touché n’importe où. Les fesses. C’est intentionnel. Un homme qui touche les fesses d’une fille qu’il ne connaît pas doit être brûlé. C’est un violeur. S’il arrive à me toucher les fesses sans voir mon visage, sans me connaître, c’est qu’il peut violer sa fille. Il peut voir sa fille toute nue et fermer les yeux pendant que son sexe se lève. Comme la honte. On peut reconnaître dans la vie les parents incestueux. Par un geste rien que par un geste on peut imaginer la virilité coupable. Un toucheur de fesses.
Il y a dans la foule des hommes qui bandent. Qui ont envie de se faire n’importe quelle femme à la vue. Quand un homme touche les fesses d’une femme sans préservatif c’est grave. Il ne sait pas si je suis malade. Si je peux contaminer. Il touche pour son envie. Pour satisfaire une libido très violente. La lâcheté pesante. Quand il touche la fesse il pense que la femme va lui dire : viens étancher ta soif de con. Toucheur de fesses.
Dans la foule je vous dis un homme vient de me toucher les fesses pas au hasard. Il a mis de la volonté dans sa sale main qui violait mes fesses. Et le soir dans sa douche il va se branler du nombre des femmes qu’il a touché la journée. Et si au hasard sa fille passe, si une femme passe même sa sœur, il va fermer ses yeux et forcer l’entrer de son sexe dans le trou de la perversion. Le toucheur de fesses. Il a honte maintenant d’un geste qu’il a fait avec préméditation.je vois d’ici sa honte qui plane sur la tête des hommes de la foule. Des hommes qui me regardent. Qu’il se dénonce pour que je lui donne l’autorisation de toucher au grand jour. Sans voler, sans violer. Sans perversion.
Dans la foule là. En face de moi, il y a un homme que quelqu’un a vu me toucher les fesses. Lâchement. Quelqu’un l’a vu j’en suis sûr. Quelqu’un l’a vu et ne le dénonce pas. Lâchement aussi. Celui qui ne dénonce pas un violeur, un toucheur de fesses est un complice. Vous ne le dénoncez pas parce que je ne suis pas votre fille. Parce que je ne suis pas votre femme. Parce que le monsieur ne vous dit rien. Parce que je ne vous dis rien. Mais il vient de donner l’envie de me toucher à d’autres hommes qui vont s’exercer sur vos filles, sur vos femmes et je crois que sur vous aussi si vous avez le dos tourné. Un instant. Lâchement. Ils toucheront lâchement les fesses de n’importe qui sans se gêner de la lâcheté qui les conduit.
On n’est plus sûr de rien. Je suis sûr que dans la foule il regarde. Il regarde bien d’autres fesses qu’il a envie de toucher mais il n’ose pas. Pour le moment. Rien que pour le moment. Et je vous assure que personne n’est à l’abri.

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