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Je ne suis pas en colère...je crie

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Je suis une femme sans voix et sans statut. Une femme qui bavarde et crie toute seule dans un milieu de sourds qui parlent. Est-ce que les gens m’entendent ? Quelle importance ?
Je ne suis pas une femme seule mais libre comme on dit de nous autres qui sans aucune responsabilité de notre part ne sommes pas allées ni devant le maire ni devant le prêtre. Une femme qui bavarde ne dit pas que des conneries. Elle chante un caractère d’identification. De rage aussi. Une femme qui n’a pas d’homme n’a-t-elle pas le droit d’avoir d’enfants ? D’élever ses enfants sans qu’ils ne portent les cicatrices de son handicap ? Voilà ce soir la grande question de mon coup de gueule au carré. Notre vie n’attire la politique de personne et personne dans sa politique ne veut comprendre notre rage. Notre espoir pour un festival de fesses libres et respectables. Nous sommes libres et dans le libre il y a le noble comme dans le lié il y a de la pourriture. La vie n’est pas un cadeau pour moi. Ni pour d’autres femmes de ma condition. Et je ne suis pas un cadeau pour la vie. Je gueule comme ceux qui n’ont pas grand choses à dire. Je rage dans ma gueule pour que mon ennui ennuie les autres aussi. Je suis la handicapée de la société qui m’a fait handicapée. Je suis la honte de votre quotidien pas ma honte. Je n’ai rien fait pour puer alors je pue au plus fort de mon odeur de femme. Sans rancune. De toutes les femmes qui ne peuvent pas puer, j’ai prie les odeurs en moi. Dans mon sein. Dans mon cri qui ne s’entend pas. Mon cri qui se plaint de n’être pas loup, ou tigre. Je ne me plains de personne je me plains de vous. De tous ceux qui m’écoutent dire que je ne suis pas une femme vraie mais une femme libre. Le ménage me ménage aujourd’hui pour vous. Mon attention monde au delà de l’inattendu.
Le vent qui souffle souffle pour moi aussi. Le soleil qui brille brille pour moi aussi et le chao dans lequel notre pays roule me détruit aussi.
Ça ne va pas. Ça ne va pas aller. Ça n’ira nulle part si au fond de notre gouffre on ne sait pas dire qu’on n’a pas envie de mourir de la mort que nous avons cherchée. De la mort qui nous rend victime et bourreau. Être libre ne vous autorise pas à me toucher les fesses. A forcer mon passage dans votre lit. On ne peut pas faire la giclée sur la moquette des bureaux tout simplement pour justifier vos préjugés sur nous. L’éclaboussure doit avoir la volonté d’être éclaboussure. D’être éclaboussée par n’importe quel viril ingrat. Mon mal est grand et je n’ose cacher la douleur. N’ayez pas pitié de nous. Respectez nous tout simplement.
Nous avons tendu nos pièges pour nous attraper et de fil en aiguille nous nous causons des torts.

2

Ma peine traine sur la poitrine des femmes. Le fardeau qui excite et livre à la perversion. La vie ne fait pas de cadeau. La vie respire avec effort et rage. Vivre c’est un travail et la formation au métier de vivre n’est pas un cadeau. Je ne fais pas la politique comme ceux qui ont l’habitude de parler devant les gens. Je parle sans faire la politique. Victime de la politique sociale.
La politique c’est de la limonade et Dieu sait que je n’aime pas la limonade.
Il faut avoir un charisme pour faire la politique. Et Dieu sait que je n’aime pas le charisme.
Quand tu as le charisme, les gens viennent te voir par milliers pour dire qu’ils veulent être avec toi. Tu les admets et tu commences la politique. Tu penses qu’ils sont déjà avec toi alors qu’ils passeront tout leur temps à vouloir être avec toi sans être avec toi. Comme les hommes.
La politique des femmes n’existe pas et les femmes politiques sont nulles aveugles et sourdes. Pire que les hommes. Concurrentes des femmes.
La politique c’est de la limonade et Dieu sait que je n’aime pas la limonade.
Quand tu t’improvises dans la politique, les situations ne manquent jamais. Et quand il y a situations, il y a actions. Ce qui m’énerve c’est que les actions sont toujours la preuve de l’impuissance de l’homme politique. De la femme politique si elle existe. Si on l’a fabriquée.
Les gens viennent toujours avec des pancartes sur lesquelles on a écrit : « nous sommes avec toi ».
Tu te fais des idées et tu organises une marche parce que tu as vu des pancartes qui te soutiennent. « Nous sommes avec toi ».
Pendant la marche interdite, les gens se mettent derrière toi et tu penses qu’ils sont avec toi alors qu’ils sont derrière toi avec leurs pancartes.
Quand on t’arrête pour marche illicite les gens qui étaient derrière toi et disaient être avec toi n’écoutent pas leur courage et traversent la route pour se faire d’autres idées que les tiennes de l’autre côté. Ils se choisissent immédiatement un nouveau leader et jouent le jeu d’être avec lui jusqu’à son arrestation. La noire politique des noirs.
La politique c’est de la limonade et Dieu sait que je n’aime pas la limonade.
Faire la politique c’est se faire coupable. Coupable d’avoir accepté d’être la victime d’un système qui détruit tout. De quoi on est coupable là ?
Une fille belle reçoit tous les jours des hommes qui veulent être avec elle. Elle croit que ces hommes sont sincères. Elle choisit parmi ces hommes celui qui est le plus sincère. Elle se donne à fond pour qu’il ne regrette pas d’être avec elle. Alors qu’il joue d’être avec elle en étant avec une autre. Comme en politique. On peut méditer sur cette situation de prédateurs au masculin face aux proies belles et fragilisée par la société.
Je veux lever le pagne de la honte pour décrire toutes les hontes des femmes qui font serpillière et ne s’en rendent pas compte. L’heure de la naïveté doit passer. Ça fait mal souvent d’assumer ce qu’on a voulu qu’on soit.

3

Je suis une tasse de thé qui titille les nerfs un soir de trop plein. On ne me reconnaît à personne puisque je ne suis pas mariée. Sans homme ! Sans maître. Sans bourreau légendaire.
Chaque homme qui me voit un soir de libertinage essaie de m’offrir un pot. Un pot intentionnel. Un pot qui dit le viol et la violence d’une société maladroite. Notre société. Notre libido obsessionnelle.
Quand je prends le pot qu’on m’offre ça fait plaisir pour la suite de la soirée et quand je dis non à l’offre de ce pot thermomètre, ça coupe court mais ça me donne le qualificatif de salope. Excusez-moi ! Je suis une salope. Et j’assume. J’assume le caractère que j’ai quand je dis non. J’assume le fait que je dois choisir avec quel obsédé je dors. On dit que je suis salope. J’assume. En un soir j’ai deux visages : le visage d’avant le désir et le visage d’après. Le pendant ne compte pas. Personne ne s’occupe du pendant. Pendant quoi ? Je ne sais pas vous le dire. Puisque c’est pudique. Ça me rage encore !
C’est l’homme qui me désire m’admire… et c’est le même homme qui me méprise quand il vient de finir avec moi. J’ai vu les hommes pleurer, ramper et dire les choses les plus inimaginables pour m’avoir ; comme si j’étais une déesse, une terre promise. Comme si j’étais déjà une sainte. Quand ils te veulent, ils mettent tous leur talent de menteur en marche. Le romantisme devient la religion vulgaire. Et on s’ennuie au plaisir d’écouter ça. Les évangiles selon saint amoureux…. Ah !
Pour de l’argent, j’ai écouté les idiots les plus membrés.
Pour de l’argent. Pour que ma famille mange.
Pour de l’argent.
Rien que pour cet argent qui nous appauvrit et nous enrichit à volonté.
La nature ne m’a pas permis d’être riche parce qu’il faut vous avouer, l’argent ça permet de dire merde à ceux qui nous emmerdent.
Quand les poches sont pleines, on fait chier ceux qui avaient l’intention de nous faire chier. Et je vous assure que ça libère. Sans blague. Même quand on est libre on pense à la liberté. A une autre liberté. Je ne sais pas laquelle mais j’en rêve. Ça m’épuise !
Le regard que je reçois chaque soir me fait comprendre qu’on ne fait pas de cadeau aux femmes. A toutes les femmes. Surtout aux femmes qui n’ont pas de mari comme si elles devraient s’épouser elles-mêmes. Même les femmes les plus mal casées dans le ménage qui ne sont que des fabriques d’enfants nous méprisent aussi. Avec rage ! Ça déconne ! Nous savons pourtant tous que s’il fallait passer un concours pour être au ménage, la moitié des femmes en ménage seraient libres. J’assume. Tout ce qui me colle à la peau j’assume.
Ma fille mariée me reproche de l’avoir fait hors ménage. Ma copine battue par son ivrogne de mari m’accuse de n’avoir pas le privilège de me faire battre par un homme. La grande idée qui construit l’idéal chez la femme. Ça rage au tour de moi et ça m’enrage de plus fort. Je suis une femme libérée. Libre et libérée. Je ne peux pas être cocufiée. Je ne peux pas cocufier quelqu’un. Je ne peux pas demander le divorce et personne ne peut divorcer de moi. Je me tiens là et je crie mon handicape avec rage et plaisir. Allez-vous faire foutre. Je dors avec les gros mots et je les prononce comme ça ne plaît à personne. J’assume ma grossièreté. La grossièreté de ma condition de libre.
Regardez-moi comme vous regardez le mal. Les femmes du mal. Les femmes que vous voyez minables mais sensuelles. Regardez aussi mon alter égo. Ma compatriote de condition victime de sa faiblesse au milieu des je-m’en-fous. Dans la rue de la joie. Le silence ne me ronge plus. Pause. Pause silence.

4

Elle ouvre et ferme la porte de sa vie. La porte de son corps qui s’ouvre à volonté pour tous. La contrainte !!!
Ils viennent tous les soirs toucher son corps. Ils viennent en courant les soirs. Tous les soirs c’est sûr pour le goût du toucher. L’explosion de la joie.
Toucher son corps en profondeur. Surtout en profondeur.
Elle parle et on l’entend. Elle parle dans la profondeur de son corps qu’on touche et on l’entend. Dans la rue de la joie.
Elle perçoit.
Elle ouvre et elle perçoit.
Ce n’est pas le prix qui intéresse c’est son trou qui compte. Pour le prix c’est le trou qui compte ; la vie aussi. Le trou et la vie les soirs qu’ils viennent.
Ils paient le prix de la vie qu’ils sucent à tour de rôle au bout de son sein. Son sein ? Une sucette !
Elle ne vit que par ça, que pour ça. Ils ont besoin de ça pour vivre eux-aussi. Les plongeurs.
Elle perçoit. C’est de ce qu’elle perçoit qu’elle vit. Le prix de la vie. De sa vie. De son trou. Où se vident nos plongeurs. Elle s’ouvre. Le cœur couvert, l’âme meurtrie. Elle ouvre. Pour vivre. Pour qu’on entre en vie. Dans sa vie.
Ils crachent au lever du jour sur son corps, au coucher du soleil le touchent en profondeur. Toujours en profondeur. Avec de petits cris parfois.
Elle sent leur corps dans une largeur venir chercher la vie en son sein. En elle.
Et elle leur donne la vie, toute sa vie dans son corps et son lit de pute.
Pas de remords, elle n’a pas de remords. La receveuse.
Ils déversent en elle. C’est ce qu’elle pleure. Leurs déceptions amoureuses. Toutes leurs déceptions amoureuses tous les soirs en elle, ils déversent. Avec de petits cris parfois.
Elle perçoit c’est tout. Son trou. Le trou de tous. Pour vivre. L’exile !
La sueur de leurs souffrances coule de leur corps à son corps parfois en profondeur. Toujours en profondeur. Avec de petits cris parfois.
Dans la profondeur de la nuit, ils repartent nus et propres. Ça aussi elle perçoit. Le souffle de la vie qui la quitte ; elle perçoit. Forte comme toujours, forte comme jamais.
Le jour, personne ne la regarde. Même toi le régulier, tu ne la regardes pas le jour. Au plus profond d’elle, la receveuse a tout donné. Même sa vie au virus, elle a tout donné.
Pas de remord. Elle n’a pas eu de remord la receveuse.

5

Face à ça on se tait. Qui se tait ? Je me tais. Ouvrant la bouche sans mot pour dire un silence qui ennui. Le sanglot. La larme d’un combat gagné sur la vie qui pue. Qu’on pue. Qui pue la vie ? La vie elle seule ne pue pas. Nos malheurs la saignent. L’exposent au soleil ; à la pluie ensuite. Au temps qui se tait aussi et traine sans espoir pour nos fillettes. Nos gamines qui poussent dans ce champ de la perversion. Une fille ne se gâte pas toute seule. Une main d’homme est toujours avec le coupable. Des mains de femme aussi. Des mains de mères, d’épouses. Et c’est la victime qu’on condamne. J’ai aussi à dire aujourd’hui. Hein. Tout ce que j’ai retenu au fond de moi longtemps. Depuis le début de la soumission. Suis-je la seule soumise ? La seule qui reçoit l’ordre de se baisser ?
On se tait. Qui se tait ? On ne sait pas et pourtant je n’ouvre la bouche qu’au sanglot qui sort d’une cage asphyxiante. Sans air. Mon corps de femme libre. Victime et coupable. Coupable à vos yeux et victime au fond de moi. De mon histoire qu’on raconte à tâtons.
Ma cuisse est là pour vous dire mon désastre. Mon sein est là pour vous raconter son calvaire. Le calvaire que vivent vos femmes. Le calvaire de ces femmes qui nous méprisent aussi. Mon ventre peint le tableau de la maternité indélébile. Le ventre de vos femmes aussi. Nous avons les mêmes peines. Les mêmes fardeaux. Qu’est-ce que vous attendez pour me dire merde aussi ? Vos femmes vont vous donner cet ordre. Parce que la parole doit avoir une alliance. Un acte de mariage. Ma fille est aussi auprès de son mari qui ruse de moi. Criez femmes. Criez auprès de vos maris! Contre moi ! Je m’en fous.
Je n’ai pas honte. Je n’ai plus honte. Devrais-je avoir honte ? Pourquoi ? Je suis votre produit. Le produit de votre exclusion. La fabrique de vos usines sociales. Qui m’a fait si ce n’est pas vous et moi. Comme Frankenstein n’ayez pas honte de votre œuvre. Regardez-moi avec amour. Pas seulement avant mais pendant et après aussi. S’il vous plaît. Je dégoûte mais ça m’excite.
Un matin d’une année que je ne sais pas dire, je suis sortie d’entre les cuisses d’une femme qui poussait. Pas coupable.
Mon père m’a donné un nom et la vie m’a bercé jusqu’à ce que comme voulait la société, personne ne demande ma main. Personne.
On m’accuse d’avoir gardé ma main. Ma main que personne n’a demandée jusqu’alors. Pourquoi je ne peux pas garder ma main si personne ne la veut ? Je n’ai pas honte de ma main. Ma main me plait bien. Si je suis mal fait. C’est la faute à qui ? Je n’allais pas me faire à vos yeux quand même.

6

Je souffre d’un mal qui vient de vous. De moi aussi. Je vois la peine que nous cause notre ignorance. J’ai mal de moi de vous, de la société attardée. Des non-dits qui me tuent à petits feux tous les jours. Ma famille ne m’épargne pas. Mes oncles, mes tantes qui ont depuis des années construit leurs espoirs sur mon prochain mariage. Rêvant chaque jour de plus à l’arrivée d’un fiancé riche. Payeur d’une dot-fortune. Payeur du meilleur prix de l’enchère de ma jeunesse, l’enchère de la qualité de ma forme ; de mes seins de mes cuisses et surtout de mon sexe qu’on croyait toujours intacte. J’assume ! La femme dont la famille a reçu un taureau pour la dot pense qu’elle est supérieure à celle dont la famille n’a reçu qu’une chèvre. Et celle qui voit sa famille ruiner son homme se plaît de voir qu’elle a coûté la peau des fesses à son homme. Et après le mariage généralement, on passe des années de misère à rembourser les dettes contactées pour le mariage.
Est ce que je suis libre ? On le dit mais je ne crois pas. Personne à la fin ne me laisse ma liberté personne. Le voisin sait que je ne suis pas mariée et me méprise pour rien avec sa femme ; sa famille. Tout simplement parce que ma liberté lui appartient aussi. Ma mère année après année souffre de l’humiliation des ses copines qui rient de me voir seule. Mon père se tait comme tout homme qui honte sur son sort. Le silence de mon père pèse sur mes frères et sœurs qui me tiennent pour responsable de ma vie de non mariée. Et puis quoi ? Désastre. Je porte le désastre de tous les désastres qui vous torturent, qui me torturent par vous. A cause de vous. Je dors sur le désastre qui me tourmente par votre faute et l’ivrogne vient me voir par pitié pour me sauver de la risée de son ivrognerie. Et l’insolent vient me voir par pitié pour l’envie de me sortir de la peine de son insolence. Et ma famille vient me voir par mépris pour la honte que je traine sur elle. Et le passant passe en versant sur moi le regard de l’inexistence. Qui vous a dit que je voulais exister ? Je ne suis pas venue au monde par ma faute. Alors Je reste même si ça ne vous plaît pas jusqu’au terminus de votre dictature des mœurs.
Je ne demande rien à personne et tout le monde me prend ma dignité originelle. Je m’en fous de la honte qu’on voit sur moi et qui n’existe pas. Je m’en fous de la pitié qu’on a pour moi alors que je ne suis pas en peine. Je veux tous simplement vous dire que j’emmerde les gens qui me voient emmerder. Je pisse aussi sur la liberté de ceux qui veulent pisser sur la mienne. Personne ne m’a achetée parce que je ne suis pas vendable. Je ne suis pas à vendre. Aucune cage ne peut me contenir et ma fierté survole cette vérité qui vous rend malade. Pour me marier aujourd’hui, je veux aller doter mon homme. Pour voir vos gueules. Seulement pour voir. La gueule des hommes qui pensent qu’on leur vend notre fierté.
Et c’est pour la femme que je veux lutter. Contre la femme aussi. La femme qui danse quand on lui laisse le temps de faire expression de sa liberté. La femme qui ne veut pas la polygamie et exige que son fils et son frère soient polygame. La femme qui veut que sa fille soit heureuse et pourrit la vie à sa belle fille. On ne peut pas être heureux si on déteste le bonheur de l’autre.
Toutes les femmes qui se donnent de la valeur parce qu’elles ont été dotée, restez dans vos valeurs et ignorez moi. Toutes les femmes qui se donnent de la valeur parce qu’elles sont mariées, gardez vos maris et ignorez moi. Donnez vous de la valeur c’est votre problème mais laissez moi la liberté d’être dans un autre privilège que vous. Laissez-moi dans la poubelle de vos valeurs me prendre en charge. Je ne vous dois ni mépris ni envie. Je ne vous dois ni insultes ni honneurs. J’ai échoué le diplôme de Madame et ça me suffit. Gardez vos regards pour vos rivales. Ou pour vos rivaux.
Je suis victime de la méchanceté de la femme. Pour que la femme souffre, il faut qu’une autre femme soit responsable. Personne ne hait la femme comme la femme. Personne ne piège la femme comme la femme. C’est la femme qui hante et détruit tous les rêves de femme. Chaque femme a envie de marcher au dessus de toutes les autres femmes. Et la femme veut être l’égale de l’homme. Laissez-moi rire. Toutes les journées de réflexion sur la question de la femme sont chômées. Pour des femmes qui ne savent rien faire d’autres que lever les pagnes, soulever les robes le 8 mars et faire des Play back’ s’amusent dans la soumission à un rôle qui ne finira jamais de leur échapper.
J’ai vu le jour de la journée internationale de la femme, le 8 mars, des femmes se donner dans la rage de la recherche de la liberté à n’importe qui. Dans la folie de la foule. Dans l’ivresse de l’incertitude et de l’ignorance. Les femmes pour la plupart mariées. Des femmes, un jour de revendications qui se font plaisir dans les draps de l’inconnu. Et font plus tard la morale du foyer aux femmes seules. Si vous avez des chaines, libérez-vous de ces chaines avec noblesse. Pas dans un festival de fesses faciles le 8 mars. On boit pour étancher sa soif pas pour avoir le courage de faire une bêtise. Quand dont comprendrons-nous que nous devons si nous avons envie de nous donner, nous donner avec amour à qui on veut plutôt que pour faire du mal à notre compagne ? Si le mariage est une prison, pourquoi sommes-nous si fière d’y être. Pourquoi ne brisons-nous pas les murs de cet enfermement ?
Le mariage ici n’est pas encore la recherche d’une compagne mais l’achat d’une fabrique d’enfants. Et les femmes les premières vont en guerre contre leur sœur, leur fille et leur belle-fille qui n’ont pas d’enfants au mariage. Puisqu’une femme qui n’a pas d’enfant devient la risée de tous. Surtout des femmes. Monde cruel. Monde mien qui se moque du handicap des autres. On voulait que je me marie pour qu’on me gare comme la plupart de femmes qui au bout de quelques années de mariage n’ont pas d’enfant. Où est la liberté qu’on crie tous les jours si on ne peut même pas encore accepter que quelqu’un soit stérile. Qu’en serait-il si quelqu’un choisit tout simplement de ne pas avoir d’enfant ?
J’aime dans la clandestinité et j’assume. Mes enfants sont illégitimes et j’assume. Je bafoue les règles de la construction sociale et j’assume. J’assume la vie qui ne m’assume pas. J’assume le tort qu’on m’attribue à tort. J’assume. J’assume. J’assume tout ce que vous ne voulez pas assumer et ça me laisse à la température normale parce que j’ai trop souffert de votre souffrance. J’ai trop eu soif de votre soif. J’ai trop brûlé au soleil de vos insurrections dans ma vie privée.
Je prie pour la souffrance des femmes qui vivent votre dégout, votre exclusion tout simplement parce que la nature ne leur a pas permis de passer à la maternité. Assumez femmes brisées votre handicap. Luttez fort contre vous contre votre haine de ce que vous êtes devenues. Laissez ce que sont les autres et occupez vous de vous. Assumons-nous ! Assumez-vous ! Comme je m’assume. Nous sommes cruels pour nous-mêmes. Nous sommes méchants et sataniques dans notre façon de nous traiter. Et vous allez ensuite à l’église le dimanche et aux arbres autels les weekends de saisons sèches. La coutume sociale a noirci nos cœurs. Et Dieu est toujours absent quand on s’acharne sur la liberté ou le handicap des autres.
Et les femmes veulent l’égalité avec les hommes. Et elles ne peuvent pas se voir égales entre elles de mêmes sexes. Elles veulent l’égalité des femmes avec les hommes et ne se supportent pas. N’acceptent pas leurs défauts. Ne se prennent pas en charge et ne s’imaginent même pas en train de se prendre en charge. Demandez à vos hommes de vous doter. De se construire avant. Et sautez-les dessus quand tout est fait pour exiger d’être leur égale. Devenez tout de suite leur seconde épouse quand la première n’a pas eu d’enfant. Pour vous et moi, la femme sans enfant c’est le diable incarné. Et finalement on a l’impression que c’est la première femme qui veut prendre la place de la seconde femme. Tout simplement parce qu’elle n’a pas d’enfant. Je pleure pour vos mentalités. Pour la mienne aussi qui s’est longtemps contaminé de ce désastre. Epousez d’autres femmes pour vos fils qui n’ont qu’une seule femme. Pour les voir se ruiner à la tâche de mal traiter les filles des autres. Vous ne voulez pas qu’on batte vos filles et vous faîtes battre les filles des autres. Qui deviennent mères et qui sans le savoir portent les gênes de la vengeance.
A trop vouloir me rendre sensible je verse dans l’insensibilité. Comme toutes les femmes qui transforment vite l’amour maternel en conflit de belles-mères. Je ne verserai jamais à ma famille la dot de ma main que je garde et que personne ne demande. Le prix de ma main n’existe plus. Parce que je suis libre et libérée de vous. Je divorce de nos mœurs. De moi-même.
Je ne suis pas votre dette parce que je n’ai pas choisi de sortir femme. Ma responsabilité est loin de cette vérité. Je ne suis ni la dette ni le bien de personne puisque personne n’a versé de l’argent pour m’avoir. Que ceux qui ne veulent plus que je sois des leurs me le crient. Que tous ceux qui ont honte de moi ne m’approchent plus. Je pue parce que je veux puer de mon odeur. De l’odeur de toutes les humiliations que j’absorbe. Depuis mon jeune âge. Depuis le jour où on a constaté que je viens au monde au féminin. La femme c’est quoi ? Et en chœur les femmes affirment qu’elles ne sont rien. Ne valent rien.
Je ne veux plus être victime des non-dits. Des choses qu’on dit à voix basse et qui vous torturent pour l’éternité.
Je me tais maintenant. Parce que je veux me taire pas parce que je n’ai plus rien à dire. Je me tais pour que le silence réponde à mon ennui. A l’écho de la voix qui rage en silence.

7

Je confesse ma rage et mon espoir en prenant à témoin tous ceux qui peuvent croire que je chante au désert. Que je n’ai jamais connu l’amour. L’envoutement. J’en suis encore prisonnière.
Je parle pour qu’au loin tu m’entendes. Je parle pour qu’il comprenne que sa place n’a pas quitté mon cœur. J’ai recollé les morceaux de mon cœur brisé. Je te parle à toi Dieu. Comme si je parlais à lui. C’est à lui que je parle en te parlant mon Dieu. Je suis une femme seule qui attend la promesse. Je suis une femme qui voit le bonheur au passé. J’ouvre grand mes yeux de femme et le voit là au loin dans le brouillard de l’impasse que j’ai connu et veux connaître encore. Je veux qu’il vienne encore me prendre. Me tromper s’il me trompait. Sa rage de connard m’a rendu accro à lui. Je le veux. Je quitte tout pour lui qui est parti. Et la vie avec lui se dissout dans mon éternité. Il m’ignore et ça m’excite chaque jour d’avantage. Mon amour n’est pas aveugle. J’ai déjà trouvé le sens de la vocation amoureuse.
Comme tu as dis mon amour, je me tiens là. Là où tu m’as dit de rester confiante. Et je te vois dans le miroir de mes sentiments tromper tes promesses de con. Tu m’as laissés là à t’attendre. Dans la fidélité du temps et du besoin. J’attends là. Homme mon homme. Pour que tu cours entre toutes les cuisses de femme en mettant au placard l’oubli de mon attente.
J’attends un homme mon homme. L’homme sincère que je fixe en toi et qui se trompe qui me trompe. Je suis née pour être à toi. Rien qu’à toi quand tu auras fini de courir aux confins de ton ingratitude.
Ton ingratitude m’excite et me rôde dans l’ivresse du pardon. Je sais te voir mouillé de honte. Te croire galant dans l’ivresse de l’imposture.
Je t’aime comme une conne. Comme si je ne sais pas aimer. Avec la conviction de croire en l’espoir de ma foi. Je t’aime comme on aime sa honte. Ses défauts qu’on ne peut cachés.
J’ai passé plus de temps à avoir peur de te perdre et je tai perdu quand même. Aujourd’hui je savoure encore les minutes de bonheur que j’ai connues avec toi. J’ai construit dans mon cœur le courage de ton départ et le chagrin est venu détruire le mur de la chambre où dormaient mes larmes d’amour. Je les ai versées longtemps. Je ne regrette pas ma faiblesse. Mon amour pour toi. La blessure de ton départ a construit l’espoir de mon attente. Je t’attends. J’attends comme les chrétiens attendent Jésus qui ne revient pas. Je vis pour t’attendre. Pour mourir en t’attendant.
Tu as touché le centre de mon orgueil de femme. Je ne sais plus appartenir à un autre. Je sais t’appartenir si tu reviens et même si tu ne reviens pas, je vomirai mon rêve aux confins de mon désir. Mon rêve se mêle à une réalité que j’ai vécue. Ta réalité. La réalité de ton mensonge. De ton départ. De mon abandon. Pour d’autres fesses plus faciles. Tu n’es que fesses mon amour. Les miennes, je les sacre pour toi. Trompe-moi autant de fois que tu veux. Je te veux ainsi. Comme tu es. Comme tu me trompes dans cette flatterie qui m’a détruit. Qui me détruit encore pour fixer en moi l’idée de t’attendre. Viens même dans mon rêve m’explorer, me rendre folle comme tu l’as fait en un soir. En cette semaine qui n’a duré que l’instant d’un soir.
Je m’ouvre entière pour toi. Comme personne ne s’est jamais ouvert. Tu es le diable de l’amour et je suis ton disciple. Je me fais ton disciple pour que tu me laisses à l’ombre de tes infidélités pour l’éternité.

Bafoussam le 08 mars 2010